Bataille de Borodino

Bataille de Borodino

Dossier TASS. La bataille près du village de Borodino entre l’armée russe sous le commandement du chef militaire Mikhaïl Koutouzov et l’armée française dirigée par l’empereur Napoléon Bonaparte a eu lieu en 1812 dans le cadre de la Guerre patriotique, connue en France comme la campagne de Russie. Le 8 septembre, la Russie célèbre l’anniversaire de cette date historique. TASS a recueilli les principaux faits sur ce sujet.

Avant la bataille

Après l’invasion de la Russie par Napoléon en juin 1812, les troupes russes reculent vers Moscou, évitant la bataille générale. Au mois d’août, l’empereur russe Alexandre Ier démet de ses fonctions de commandant en chef le maréchal Michel Barclay de Tolly et le remplace par Mikhaïl Koutouzov, exigeant de ne pas rendre Moscou aux Français.

Le 3 septembre, l’armée russe prend place près de Borodino, à 125 km de Moscou, et réussit à construire des fortifications sur le terrain. L’offensive française a été retardée par la bataille de la redoute de Chevardino, au nord-ouest de Borodino, le 5 septembre.

Déroulement de la bataille

La bataille de Borodino engageait quelque 250.000 hommes et 1.200 pièces d’artillerie des deux côtés, les forces des Russes et des Français étant quasiment à égalité. Elle a duré environ douze heures.

Les Français ont réussi à repousser l’armée de Koutouzov au centre et sur le flanc gauche ainsi qu’à s’emparer, après une résistance acharnée, du monticule où stationnait le corps d’infanterie du général de cavalerie Nikolaï Raïevski. Toutefois, les troupes françaises n’ont pas remporté de succès décisif et Napoléon n’a pas pris le risque de faire entrer dans la bataille sa réserve principale, la Garde, annonçant le retrait sur les positions initiales. Mikhaïl Koutouzov a ordonné aux troupes à l’issue de la bataille de se replier vers Mojaïsk.

Bilan de la bataille

Selon différentes estimations, l’armée russe a perdu entre 40.000 et 50.000 tués, blessés et portés disparus, tandis que pour l’armée française ce chiffre a atteint de 30.000 à 50.000 soldats et officiers.

La bataille de Borodino n’a pas de gagnant ni de perdant, mais a marqué un tournant dans la campagne de 1812. Tout en permettant à Napoléon de prendre Moscou sans combat le 14 septembre, Koutouzov a conservé une armée apte au combat et a gagné l’initiative stratégique. Les troupes françaises, forcées de se retirer de Moscou ravagée et incendiée le 19 octobre, ont tenté, en vain, d’entrer dans les provinces méridionales de la Russie, riches en vivres, pour y passer l’hiver, mais se sont heurtées à une résistance des soldats de Koutouzov.

Après la bataille de Maloïaroslavets, Napoléon décide de se replier en Europe via Smolensk. À la suite des opérations lancées par la guérilla, de la famine, du froid et des combats près de Krasny et sur la Bérézina, l’armée française était pratiquement anéantie: sur un demi-million d’hommes entrés en Russie en juin, seuls 10.000 environ ont réussi à quitter son territoire en décembre.

Le 21 décembre 1812, Mikhaïl Koutouzov félicite les troupes pour l’expulsion de l’ennemi et les appelle à “achever la défaite de l’adversaire sur ses propres terres”.

Commémoration

En 1820, sur le site de la bataille, une église a été érigée en monument de la gloire militaire. En 1839, le monument principal (détruit en 1932, reconstruit en 1987) a été inauguré sur la hauteur de Kourgan, au pied de laquelle les cendres du général Piotr Bagration, mort d’une blessure reçue à la bataille de Borodino, avaient été réinhumées. En 1912, des monuments aux corps, divisions et régiments de l’armée russe ont été instaurés dans le champ. En 1913, le monument “Aux morts de la Grande Armée” est apparu à l’endroit où se trouvait le poste de commandement de Napoléon.

En 1961, le champ de Borodino reçoit le statut de réserve militaire et historique d’État. À l’heure actuelle, plus de 200 monuments et sites commémoratifs se trouvent sur le territoire de la réserve-musée. Chaque année, au début du mois de septembre, le champ de Borodino accueille un festival international d’histoire militaire avec une reconstitution à grande échelle d’épisodes de la bataille. Le 8 septembre, une procession et une messe sont organisées devant le monument principal.

La bataille de Borodino est évoquée dans la littérature et les arts (poèmes de Denis Davydov, d’Alexandre Pouchkine, de Mikhaïl Lermontov, de Piotr Viazemski, le roman Guerre et Paix de Léon Tolstoï, les peintures de Vassili Verechtchaguine, etc.), des pièces et des timbres ont été frappés en URSS et en Russie pour commémorer la bataille. Pour le 100e anniversaire de la bataille en 1912, le peintre russe Franz Roubaud a créé son panorama, qui a d’abord été exposé dans un pavillon spécial à Moscou et qui se trouve depuis 1962 dans le musée sur l’avenue Koutouzov.