Il y a quelques jours, la Russie a procédé avec succès au vol d’essai d’un Superjet SSJ-100 équipé de moteurs entièrement fabriqués dans le pays. Dans un entretien exclusif accordé à l’agence TASS, l’expert aéronautique français Cyrille de Lattre a évoqué les avantages de l’appareil qui lui permettent de concurrencer des avions étrangers, avant tout sur le marché intérieur.
Cyrille de Lattre a rappelé notamment qu’initialement l’avion avait été mis au point sur la base de la coopération internationale.
“C’est un avion […] de conception internationale puisque les Français ont travaillé dessus, notamment pour l’avionique, pour une partie de l’aménagement cabine. Il y avait la joint-venture entre Safran [spécialiste français dans l’étude et la fabrication de moteurs pour l’industrie aéronautique et spatiale] et [son partenaire industriel le motoriste russe] Saturn pour les moteurs. C’était un concept très intéressant […] qui nous permettait d’avoir un avion qui soit exportable et certifié dans pas mal de pays.”
Cependant, aujourd’hui, compte tenu de la situation géopolitique et de la pression des sanctions sur la Russie, cette dernière met en œuvre des initiatives visant à réduire sa dépendance vis-à-vis des technologies étrangères et à lancer des projets de substitution d’importations, d’où l’idée de doter l’avion de moteurs de sa fabrication. “Pour la Russie, avoir le nouveau Superjet 100 avec les nouveaux moteurs cent pour cent russes […] c’est un avantage absolument extraordinaire.”
“L’objectif de la Russie c’est de ne plus être dépendante des avions étrangers, c’est-à-dire tout ce qui est Airbus et Boeing. Cela ne veut pas dire qu’il n’y en aura pas – il y en aura toujours quelques-uns – mais ce qu’ils veulent c’est leur totale autonomie dans ce domaine.”
“Le fait que cet avion soit totalement russifié et qu’il soit à cent pour cent sur du matériel russe est un avantage pour la Russie d’abord parce que ça les [les Russes] rend complètement indépendants. […] L’autre avantage que ça va leur procurer, c’est qu’ils pourront […] exporter cet avion […] à qui ils vont vouloir et sans demander l’autorisation à personne”, a poursuivi Cyrille de Lattre.
Le pilote a également évoqué le sujet des exportations de l’appareil et les perspectives dans ce domaine, notamment dans le cadre des sanctions décrétées contre Moscou. Il estime ainsi que la place du Superjet est avant tout sur le marché intérieur.
“Compte tenu de la situation géopolitique et des sanctions, les premières perspectives qu’on peut avoir pour le Superjet 100 […] d’abord remplir les besoins internes de la Russie.”
“Les exportations des Superjet seraient des exportations principalement dans les pays satellites amis de la Russie. […] Je ne pense pas que dans un premier temps il soit dans l’objectif de la Russie d’exporter cet avion.”
Après l’essai en vol du Superjet, le géant russe de matériel aéronautique et aérospatial Rostec a déclaré que le lancement de la production en série du SSJ-100 au moteur russe PD-8 était prévue pour le début de l’année prochaine.
“Je compte sur le début de l’année”, a précédemment déclaré dans une interview à TASS le PDG de l’entreprise, Sergueï Tchemezov. Il a ajouté qu’il pourrait être question d’une vingtaine d’appareils par an.
Un prototype du Superjet à moteurs russes a effectué le 17 mars son premier vol qui a duré environ 40 minutes. L’avion a atteint une vitesse de 500 km/h et une altitude de 3.000 mètres.
TASS