Les présidents russe et iranien, Vladimir Poutine et Massoud Pezechkian, ont signé l’accord de partenariat stratégique global. La cérémonie s’est tenue à l’issue de négociations au Kremlin.
Le document doit hisser les relations entre Moscou et Téhéran à un nouvel échelon: il renforce leur statut de partenaires stratégiques et définit le cadre juridique du développement de la coopération pour une perspective à long terme.
Selon les responsables des deux pays, le document englobe tous les domaines, notamment la défense, la lutte contre le terrorisme, l’énergie, les finances, les transports, l’industrie, l’agriculture, la culture, la science et les technologies.
Les négociations ont été constructives, a estimé le président russe Vladimir Poutine lors d’une conférence de presse à l’issue de sa rencontre avec le chef du gouvernement iranien.
“Je suis sincèrement heureux d’accueillir à Moscou le président de la République islamique d’Iran, M. Massoud Pezechkian, avec qui nous venons d’achever des négociations constructives”, a pointé le chef d’État.
“Notre pays attache une importance primordiale au renforcement des relations amicales et de bon voisinage entre la Russie et l’Iran, a souligné M. Poutine. Ces relations sont fondées sur les principes d’égalité, de respect et de prise en compte des intérêts de chacun, d’assistance et de soutien mutuels, qui se traduisent constamment par des actions concrètes.”
Selon lui, le traité russo-iranien est un texte véritablement historique: “Nous sommes d’accord pour dire que nous ne devons pas nous endormir sur nos acquis, mais élever nos relations à un niveau qualitativement nouveau. C’est précisément la signification de ce traité interétatique de partenariat stratégique global. Il fixe des objectifs ambitieux et définit des axes pour renforcer la coopération bilatérale à long terme dans les domaines politique, sécuritaire, commercial, d’investissement et social”.
“Ce texte qui est véritablement historique, vise à créer des conditions nécessaires pour un développement stable et durable de la Russie et de l’Iran, ainsi que de toute la région eurasienne, a-t-il constaté. Naturellement, nous avons évoqué avec monsieur le président nombre de questions d’actualité internationales. La Russie et l’Iran ont des positions très similaires sur la majorité de ces dernières.”
Économie et gaz
La Russie et l’Iran sont presque entièrement passés aux monnaies nationales dans leurs règlements et travaillent à la connexion des systèmes de paiement nationaux, a déclaré le président russe.
“Il est révélateur que nos pays soient presque entièrement passés aux monnaies nationales dans les règlements mutuels, qu’ils s’efforcent d’installer des canaux stables d’interaction dans le secteur bancaire et le crédit et qu’ils travaillent à la connexion de leurs systèmes de paiement nationaux.”
Selon Vladimir Poutine, la part des transactions en roubles russes et en rials iraniens a dépassé l’année dernière 95% des opérations commerciales bilatérales.
Le projet de construction d’un gazoduc reliant la Russie à l’Iran est à l’étude et les livraisons pourraient constituer dans un premier temps 2 milliards de mètres cubes avec, pour perspective, 55 milliards, a poursuivi Vladimir Poutine.
“Les projets [de gazoduc vers l’Iran et de couloir Nord-Sud] sont en cours d’élaboration. Les deux projets sont très importants et très intéressants. Pour ce qui est des volumes d’éventuelles livraisons à l’Iran, nous estimons qu’il faut commencer par de petites quantités, jusqu’à 2 milliards de mètres cubes, qui pourraient atteindre par la suite 55 milliards par an.”
Les deux pays se penchent également sur la coopération dans le secteur pétrolier, a ajouté Vladimir Poutine.
Visas
Moscou et Téhéran ont débattu de l’introduction d’un régime d’exemption de visa, a fait savoir de son côté le président Massoud Pezechkian.
Selon lui, ce sujet a été abordé dans le cadre de l’accord de partenariat stratégique tous azimuts signé par les deux dirigeants ce vendredi.
Crise au Moyen-Orient
Le président iranien a rejeté l’hypocrisie de certains pays qui “tuent des femmes et des enfants” tout en demandant à d’autres pays de respecter les droits de l’homme.
“La politique de deux poids deux mesures prend fin. [Il s’agit du] double standard, lorsqu’un pays affirme qu’il a le droit de tuer des femmes et des enfants et de détruire des hôpitaux et des écoles, et parle aux autres pays des droits de l’homme et leur dit quoi faire. Nous n’acceptons pas les doubles standards, ils sont inacceptables pour nous”, a déclaré M. Pezechkian après la signature de l’accord.
M. Poutine espère que l’accord conclu entre Israël et le Hamas contribuera à faciliter la situation humanitaire et à la stabilisation dans la bande de Gaza et appelle à persévérer dans l’effort de régler le conflit en Palestine.
“La problématique du règlement de la situation au Moyen-Orient a été abordée à la lumière de l’accord récemment conclu sur la cessation des hostilités dans la bande de Gaza, selon lequel les otages israéliens libérés et les prisonniers palestiniens doivent retrouver leur famille”, a indiqué M. Poutine. Il a ajouté que “l’occasion est donnée d’augmenter de manière significative le volume de nourriture, de carburant et de médicaments destinés à Gaza”. “Nous espérons que tout cela contribuera à faciliter la situation humanitaire et à la stabilisation dans la bande de Gaza sur le long terme”, a indiqué M. Poutine.
“Il est important de persévérer dans l’effort de régler le conflit israélo-palestinien sur des bases juridiques internationales universellement acceptées, ce qui implique la création d’un État palestinien indépendant vivant en paix et en sécurité avec Israël”, a-t-il ajouté.
Selon Massoud Pezechkian, la conclusion de l’accord de partenariat stratégique global entre Moscou et Téhéran “contribuera à établir la stabilité, surtout dans notre région”. “Nous sommes capables de dialoguer et de balayer tous les obstacles”, a-t-il indiqué.
Crise en Ukraine
La Russie informe régulièrement l’Iran de la situation actuelle dans le conflit en Ukraine, a assuré le président russe, soulignant que les pays concertaient depuis longtemps leurs efforts sur la scène internationale, notamment sur “les questions les plus sérieuses de l’agenda international”. “Il s’agit du Moyen-Orient, du Caucase du Sud, tout cela concerne directement nos intérêts”, a-t-il expliqué.
“Nos collègues sont au courant de ce qui se passe là-bas [en Ukraine]. Nous en informons constamment nos amis iraniens”, a-t-il ajouté.
Son interlocuteur iranien a prôné un règlement politique de la crise ukrainienne: “les hostilités et la guerre ne sont pas des solutions. Nous saluons un règlement politique du problème entre l’Ukraine et la Russie”.
Politique étrangère
“La Russie joue un rôle important pour l’Iran dans sa politique étrangère fondée sur le principe de bon voisinage”, a déclaré le président iranien.
Quant à l’Occident, il ne doit pas essayer de dominer les autres pays, a-t-il pointé.
“Nous devons nous respecter les uns les autres. Les pays occidentaux ne doivent pas dominer les autres États”, a indiqué le dirigeant iranien lors de la conférence de presse.
TASS / Photo Vyacheslav Prokofyev