Le président russe Vladimir Poutine a évalué le cours de l’opération militaire spéciale, des négociations éventuelles avec l’Ukraine et la croissance de l’économie russe lors de sa Ligne directe et sa grande conférence de presse. L’événement combiné intitulé Résultats de l’année avec Vladimir Poutine a commencé au Vieux Gostiny Dvor à 12h11 (UTC+3).
Le correspondant de guerre de la chaîne Pervy Kanal, Dmitri Koulko, et la journaliste de VGTRK, Alexandra Souvorova, modéraient la discussion.
Des représentants des médias russes fédéraux et régionaux, ainsi que des journalistes étrangers accrédités auprès de la Fédération de Russie, étaient présents dans la salle. Il y avait aussi des personnalités médiatiques, par exemple, la journaliste Ksenia Sobtchak et le directeur général de Pervy Kanal, Konstantin Ernst.
L’agence TASS a compilé les principales déclarations du dirigeant russe.
Sur l’opération militaire spéciale
– Les possibilités des forces armées russes sont en train de s’accroître. “En ce qui concerne les gars, ils agissent en héros – je le dis constamment et je continuerai à le dire parce qu’il y a toutes les raisons à cela”, a indiqué Vladimir Poutine.
– La préparation au combat de l’armée russe est actuellement la plus élevée au monde.
– La Fédération de Russie se rapproche de plus en plus de la réalisation des objectifs de l’opération militaire spéciale.
– La situation dans la zone de l’opération militaire spéciale change de façon spectaculaire, des mouvements ont lieu tout le long de la ligne de front, les forces russes libèrent chaque jour des kilomètres carrés de terrain. “La situation change radicalement, vous le savez bien. Je tiens à le confirmer”, a noté Vladimir Poutine.
– Presque tous les membres de l’Alliance de l’Atlantique Nord font la guerre à la Russie.
– La Russie estime que les cibles des frappes en Ukraine sont les sites de défense et les centres de décision, pas les centres d’appel des escrocs. “Nos cibles sont les sites de défense, les sites du complexe militaro-industriel ukrainien et les centres de décision. Nous n’allons pas gaspiller des munitions pour frapper ces centres d’appel des escrocs, ça ne sert à rien”, a noté M. Poutine.
– M. Poutine estime qu’il aurait fallu prendre la décision sur l’opération militaire spéciale avant 2022 et bien s’y préparer.
Sur la situation dans la région de Koursk
– Vladimir Poutine a dit qu’il ne citerait pas la date où les forces ukrainiennes seraient repoussées de la région de Koursk, mais qu’il n’y en avait aucun doute. “Les gars se battent, un combat est en cours en ce moment même”, a-t-il déclaré.
– Toutes les infrastructures de la région de Koursk endommagées par les actions des forces armées ukrainiennes seront reconstruites, après que l’adversaire sera évincé du territoire. “Il n’y a aucun doute, nous restaurerons le réseau routier, les infrastructures publiques, les équipements sociaux, les écoles et les jardins d’enfants. Nous reconstruirons, bien entendu, les clubs et les logements. Des certificats de restauration de logements seront également délivrés”, a souligné M. Poutine.
– Le nombre de blindés ukrainiens détruits dans la région de Koursk a dépassé celui de blindés détruits sur les autres tronçons en un an. “Ce sont quasiment les mêmes chiffres”, a informé le chef de l’État.
Sur la possibilité de négocier avec l’Ukraine
– Moscou est prêt à mener un dialogue sur l’Ukraine sans conditions préalables, mais sur la base des accords d’Istanbul et des réalités sur le terrain.
– La Russie a quelqu’un à qui parler en Ukraine, il y a beaucoup de nos hommes qui rêvent de débarrasser le pays du néonazisme.
– Moscou est prêt à signer des accords de paix avec toutes les autorités légitimes de Kiev, mais les autorités actuelles sont illégitimes. “Si quelqu’un se présente aux élections et obtient la légitimité, nous discuterons avec tout le monde, y compris Zelenski. Mais maintenant, si l’Ukraine veut vraiment s’engager sur la voie d’un règlement pacifique, elle est bien sûr en mesure de le faire. Elle peut organiser ce processus à l’intérieur de l’Ukraine comme elle l’entend, mais nous ne pouvons signer [des accords de paix] qu’avec les autorités légitimes”, a indiqué le dirigeant russe. Selon lui, si le dirigeant ukrainien est illégitime, le reste du pouvoir l’est lui aussi, tous sont complices. “[…] La structure de l’État ukrainien est telle que beaucoup d’organes de pouvoir sont formés par le président. Cela concerne notamment les dirigeants des régions ou de toutes les structures chargées de l’application de la loi. Mais si le dirigeant est illégitime, le reste perd lui aussi sa légitimité”, note M. Poutine.
Sur une éventuelle trêve en Ukraine
– Ce qu’il faut en Ukraine, ce n’est pas un cessez-le-feu, mais une paix durable et à long terme avec des garanties pour la Russie. “[…] Comment fournir ces garanties est une autre question. Mais nous pourrions trouver [une solution]”, a-t-il noté.
– Un cessez-le-feu donnerait à l’adversaire l’occasion de renouveler ses effectifs. “S’arrêter pour une semaine, cela signifie donner à l’adversaire l’occasion de prendre pied sur ces positions, de donner la possibilité de se reposer un peu, d’obtenir l’équipement nécessaire et les munitions”, a ajouté M. Poutine. Il a également noté que du point de vue de la formation des militaires, cette “période de trêve relativement longue donnerait à l’adversaire l’occasion de s’occuper de la formation, le renouvèlement et le renforcement des effectifs”.
Sur les activités terroristes de Kiev
– Le régime de Kiev a perpétré à plusieurs reprises des actes terroristes contre des Russes, y compris des journalistes, et l’Occident ne l’a jamais condamné.
– Les attaques contre des citoyens russes orchestrés par le régime de Kiev témoignent de son caractère terroriste. Selon M. Poutine, des attentats ont visé non seulement des militaires russes, mais aussi “des journalistes et des personnalités publiques”.
– Vladimir Poutine a déclaré que l’assassinat d’Igor Kirillov, chef des forces russes de défense radiologique, biologique et chimique, avait été perpétré de manière “dangereuse pour la vie de nombreuses personnes”. “Vous avez parlé de l’assassinat du général Kirillov comme d’une “tentative d’assassinat”. Je vous en suis reconnaissant, car vous avez indirectement admis qu’il s’agissait d’un acte terroriste”, a souligné le président russe.
– Selon Vladimir Poutine, les services spéciaux russes ont manqué les attaques terroristes du régime de Kiev contre les citoyens russes. Il est nécessaire d’améliorer leur travail.
Sur le missile Orechnik
– Vladimir Poutine a déclaré qu’il a lui-même pris la décision finale sur la production d’Orechnik.
– Selon le dirigeant russe, le système Orechnik est basé sur les développements russes et c’est “une nouvelle arme modernisée”.
– Le rayon d’action du missile balistique russe Orechnik atteint 5.500 kilomètres.
– Personne n’a aucune chance d’abattre l’Orechnik. “Imaginons que notre système se trouve à une distance de 2.000 kilomètres, même les antimissiles situés sur le territoire de la Pologne ne l’atteindront pas”, a déclaré M. Poutine.
– Vladimir Poutine a proposé à l’Occident de désigner une cible à Kiev, d’y déployer sa défense aérienne et d’essayer d’intercepter le missile Orechnik.
Sur la doctrine nucléaire
– La Russie fera tout pour assurer la sécurité de la Biélorussie, la défense de ce pays est un élément très important de la stratégie nucléaire actualisée. “Un autre composant concernant la gestion des armes nucléaires, la quatrième chose importante: nous avons annoncé que si les mêmes dangers étaient créés pour notre allié, membre de l’État de l’Union russo-biélorusse, pour la Biélorussie, la Russie le considérera comme la création de menaces similaires pour elle”, a noté le chef de l’État russe.
Sur l’économie
– Poutine admet que la croissance du PIB de la Russie s’élèvera à 4% à la fin de l’année.
– En général, la situation économique en Russie est stable, le développement se poursuit malgré tous les défis, notamment ceux extérieurs. Selon M. Poutine, “l’économie est la pierre angulaire de tout, le niveau de vie des citoyens, la stabilité et la capacité de défense, tout en dépend”.
– La Russie est placée première en Europe et quatrième dans le monde en termes de volume économique, mais il ne faut pas s’arrêter sur cela. “La Chine, les États-Unis et l’Inde sont devant nous. L’année dernière, nous avons devancé l’Allemagne, et cette année le Japon. Mais cela ne veut pas dire que nous pouvons désormais dormir sur nos deux oreilles et s’arrêter sur cela. Bien sûr que non. Tout évolue, tout progresse activement”, a ajouté le dirigeant russe.
Sur la reconstruction du Donbass et de la Nouvelle-Russie
– Vladimir Poutine ne doute pas que la Russie dispose de suffisamment de forces et de fonds pour restaurer le Donbass et la Nouvelle-Russie.
– 21.000 sites ont déjà été reconstruits dans le Donbass et en Nouvelle-Russie, grâce aux fonds du budget fédéral et au soutien des principales régions de tout le pays.
– Quelque 1.700 habitations ont été reconstruites dans la ville de Marioupol, “mais toutes n’ont pas encore été mises en service. Les documents de plus de 500 sont encore en cours d’établissement, mais elles existent déjà”, indique le dirigeant russe.
– 300.000 personnes sont déjà retournées à Marioupol, la population continue d’augmenter rapidement.
Sur le transit du gaz russe
– Il n’y aura plus de contrat pour le transit du gaz russe via l’Ukraine, mais Gazprom y survivra.
– La Russie élargira sa présence sur le marché international du gaz naturel liquéfié.
Sur la situation en Syrie
– La Russie a de manière générale atteint ses objectifs en Syrie. “Nous sommes venus en Syrie il y a dix ans afin d’éviter qu’une enclave terroriste n’y soit créé à l’instar de celle que nous avions observé dans certains pays, dont l’Afghanistan. De manière générale, nous avons atteint nos cibles”, a dit le président russe.
– La Russie compte sur la paix et le calme en Syrie et maintient des contacts avec toutes les parties.
– Alep a été prise par une force de 350 combattants, tandis que les 30.000 troupes gouvernementales et unités pro-iraniennes se sont retirées sans combattre.
– La Russie a proposé d’utiliser la base de Hmeimim et celle de Tartous pour livrer de l’aide humanitaire en Syrie.
– M. Poutine est convaincu qu’Israël est le principal bénéficiaire des événements survenus en Syrie.
– La Russie veut maintenir l’intégrité territoriale de la Syrie et soutient les nouvelles autorités syriennes dans ce domaine.
– La Russie condamne l’annexion de quelque territoire syrien que ce soit et cette position reste inchangée.
– Vladimir Poutine a déclaré ne pas s’être entretenu avec el-Assad après son arrivée à Moscou, mais qu’il envisageait de le faire.
Sur une conversation éventuelle avec Donald Trump
– Vladimir Poutine s’est dit toujours prêt à s’entretenir avec le président américain nouvellement élu Donald Trump ou à le rencontrer.
– M. Poutine s’est dit convaincu que s’il rencontrait M. Trump, ils auraient des sujets à évoquer. “Si jamais nous avons une rencontre avec le président nouvellement élu, monsieur Trump, je suis sûr que nous trouverons de quoi parler”, estime le dirigeant russe.
Sur la situation au Moyen-Orient
– Les actions d’Israël dans la bande de Gaza méritent d’être condamnées. “Je ne sais pas quels sont les objectifs finaux qu’Israël poursuit dans la bande de Gaza, mais cela ne mérite que d’être condamné. Nous l’avons fait à plusieurs reprises à tous les niveaux, à commencer par la société civile et notre position au Conseil de sécurité des Nations unies”, a affirmé le président.
– Le problème du conflit palestinien consiste toujours en ce qu’Israël est un État distinct, tandis que la Palestine ne l’est toujours pas. Le règlement de ce conflit ne sera possible que si la cause première est résolue. “Une décision a été prise en temps voulu par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies selon laquelle deux États devaient être créés: Israël et la Palestine. Israël a été créé, mais la Palestine n’a toujours pas été créée. C’est là tout le problème”, a dit M. Poutine.
Sur le déversement de mazout en mer Noire
– M. Poutine a qualifié les conséquences d’un déversement de mazout de pétroliers en mer Noire de “catastrophe écologique”.
– Il faut tout faire pour éliminer le carburant qui s’est déversé dans la mer Noire et préparer l’évacuation des pétroliers. “C’est un grand travail, le gouvernement s’en occupe et j’espère que nous ne perdrons pas de temps”, a noté le chef d’État.
Sur la grâce accordée par Joe Biden à son fils
– Vladimir Poutine n’a pas condamné Biden pour avoir gracié son fils, notant que le président américain semblait être “plus un homme qu’un politicien”.
– Le président russe, à propos de la grâce accordée par le président américain Joe Biden à son fils Hunter, a cité l’exemple de Joseph Staline, qui n’a pas échangé son fils qui était en captivité.
Autres déclarations
– Le président russe Vladimir Poutine a qualifié les efforts de paix de la Chine, du Brésil et de l’Afrique du Sud sur l’Ukraine de tentative équilibrée et sincère de régler la situation.
– Le système américain de défense antimissile est excessivement coûteux et peu efficace quant à la sécurité même des États-Unis.
– Vladimir Poutine ne voit pas de problème si les États-Unis livrent le système de défense aérienne THAAD en Ukraine. “Qu’ils le fournissent et nous demanderons à nos hommes en Ukraine de nous dire quelles sont leurs solutions modernes qui peuvent nous être utiles”, a déclaré le chef d’État.
– M. Poutine compare les persécutions de l’Église en Ukraine à une “fusillade” qui n’est pas remarquée dans le monde mais qui aura des “répercussions”. “Ce qui se passe avec l’UOC est une violation flagrante des droits de l’homme, des droits des croyants. L’Église est piétinée sous les yeux du monde entier. C’est comme une fusillade. Mais le monde préfère ne pas le voir”, a constaté M. Poutine.
– La Russie n’oubliera pas les victimes de sa lutte contre le nazisme et l’étranger, en tentant de les oublier, marque une ligne d’attaque contre Moscou. “Nous n’oublierons jamais les sacrifices apportés par notre peuple sur l’autel de la victoire sur le nazisme. L’essentiel est de ne pas l’oublier. Et si d’autres pays tentent de le faire, c’est normal pour eux, pour les dirigeants actuels, car pour eux c’est une ligne d’attaque contre la Russie: oublier, déplacer, ne pas se souvenir. Mais c’est leur affaire”, a indiqué le président russe.
– Les Brics ne sont pas un moyen de lutte contre l’Occident et ne travaillent pas contre qui que ce soit, mais ils protègent les intérêts des pays membres.
– M. Poutine a qualifié le retrait du corps de Lénine du mausolée d’extrêmement sensible. “Il est clair que ces questions ne se prêtent pas à une discussion lors d’une conférence de presse”, a-t-il déclaré.
– Le président russe a déclaré avoir récemment reçu des rapports des services spéciaux sur l’interpellation de saboteurs ukrainiens en Slovaquie avec des cartes indiquant l’emplacement des installations gazières.
– Le président russe Vladimir Poutine a déclaré qu’il ne comptait pas les sanctions décrétées contre Moscou, mais que leur nombre dépassait les 40.000.
– M. Poutine n’exclut pas un asile politique pour Zelenski s’il apparaît brusquement en Russie. “Excusez-moi, s’il apparaît soudainement, comme par enchantement, quelque part et dit “j’ai besoin de l’asile politique”, et bien, la Russie ne refuse personne”, a annoncé le chef de l’État.
– Moscou est prêt à travailler avec Londres mais si cela est réciproque, sinon il se passera de ses anciens alliés de la coalition antihitlérienne.
TASS / Photo Sergei Savostyanov